mercredi 5 août 2015

Conseils lectures de l'été : Marilyn et Mocky !

Par cette chaleur, je vous conseille deux nouveautés lectures parfaitement adaptées au farniente estival, à savourer au soleil, à la plage ou en terrasse. Il ne vous reste plus qu'à préparer le kit de survie nécessaire – petits-fours ou canapés bien garnis, petit verre - pour accompagner ces pages brûlantes.
Bonnes lectures ! 


L'Assassinat de Marilyn Monroe de Jay Margolis et Richard Buskin - L'Archipel - 304 pages - 21 €

L'Assassinat de Marilyn Monroe, Conseils lectures de l'été

Lorsque j'ai entendu parlé de ce fameux livre choc sorti aux États-Unis l'an dernier, évoquant de nouvelles révélations explosives au sujet de la mort de Marilyn, je me suis dit que j'attendrais qu'il paraisse chez nous, traduit. Et aujourd'hui, c'est chose faite. En tant qu'admiratrice de Marilyn Monroe, de la femme et de l'actrice, je dois admettre que la lecture de l'objet est très éprouvante, tant le cauchemar vécu par l'actrice la nuit de sa mort – du 4 au 5 août 1962 - prend forme sous nos yeux, dans ses moindres détails. Je ne suis pas du genre voyeuriste, c'est la raison pour laquelle cette lecture m'a doublement perturbée, puisque rien de l'horreur de la machination diabolique dont elle a été victime ne nous est épargné.
Par contre, je précise tout de suite que les auteurs et l'éditeur ont eu la décence de ne pas jouer la carte du racolage morbide au niveau des photos insérées dans le livre, puisqu'une seule image du visage de Marilyn morte est montrée, mais en petit format, et c'est une photo qui est déjà connue (de profil, on voit que la tête est tuméfiée) sur laquelle l'actrice paraît dormir. Le lecteur n'est donc pas pris en otage, ce que j'apprécie, car certains éditeurs ne reculent devant rien pour vendre leurs livres et attiser le voyeurisme le plus malsain. J'en veux pour exemple le livre de Stéphane Bourgoin consacré au  Dahlia Noir, où les photos de la jeune femme suppliciée sont reproduites en long en large et en travers, sur des pleines pages entières, jusqu'à la nausée. Cela vaut pour profanation de sa tombe à mes yeux. Je trouve ce genre de procédé répugnant. Totalement rédhibitoire pour ma part, je ne sais pas comment ces gens peuvent dormir la nuit. En ce qui concerne Marilyn, toutes les photos prises dans les heures qui ont suivi son décès par un photojournaliste du magazine Life – du bungalow de la star au transfert de son corps vers la morgue - ont disparu ou ont été détruites. Soit 133 clichés volatilisés car trop compromettants pour la thèse officielle du suicide : d'étranges bleus parsemaient le corps de l'actrice et une marque de piqûre au niveau de la poitrine risquait de révéler au grand jour l'homicide.

Ce n'est pas pour rien si cet événement cauchemardesque et les épisodes de la fin de vie de Marilyn Monroe ont inspiré David Lynch pour sa série Twin Peaks.

Marilyn n'était pas dépressive, elle avait beaucoup de projets professionnels (la Fox venait, après l'avoir congédiée, de la réengager le 1er août sur le plateau de Something's Got to Give – qui restera inachevé - pour un million de dollars et un contrat de deux films supplémentaires), elle projetait de se remarier avec Joe DiMaggio, elle était en train de meubler la maison qu'elle venait d'acquérir, et elle attendait ses hôtes (Robert Kennedy et l'acteur Peter Lawford) avec un magnum de champagne le jour de sa mort... Cette visite a mal tourné : Marilyn, excédée par l'attitude de Robert Kennedy - venu lui annoncer qu'il ne quitterait pas sa femme pour elle, contrairement à ce qu'il lui avait promis -, l'a menacé de révéler leur liaison, ainsi que son idylle avec son frère John Kennedy (alors président des États-Unis) et autres secrets d'états lors d'une conférence de presse dès le lundi suivant. Le mythique sex-symbol est décédé dans la nuit même (du samedi au dimanche), exécutée par les hommes de main de Robert Kennedy. Et c'est le propre psy de Marilyn, le docteur Greenson en personne - l'homme de confiance de Marilyn - qui, sur ordre, a achevé la star d'une manière sordide, que je vous laisse découvrir. Ce livre est une plongée dans l'enfer vécu par Marilyn cette nuit tragique du 4 au 5 août 1962. Nous célébrons d'ailleurs aujourd'hui, jour pour jour, le 53ème anniversaire de ce triste événement.

J'émettrais néanmoins une petite réserve sur la forme car l'on se perd parfois en conjectures et qu'il faut s'accrocher dans certains passages pour situer l'identité du locuteur ou comprendre le déroulé de l'action. On est par endroits à peu près aussi déboussolé qu'à la vue du fameux JFK d'Oliver Stone : le récit est palpitant mais touffu, un peu tarabiscoté. La raison en revient notamment au nombre incroyable de personnes impliquées de près ou de loin dans les événements de cette nuit terrible : une cinquantaine d'individus sont recensés dans la Chronologie des faits du 4 et du 5 août, placée en fin d'ouvrage.
Il ressort de cette lecture une interrogation : plus personne aujourd'hui ne croit en la thèse du suicide, version officielle que les médias continuent pourtant de diffuser, ce qui est assez inquiétant. Robert et John Kennedy sont morts depuis longtemps, pourquoi continuer à faire de ce meurtre un secret d'état, même s'il éclabousse le frère d'un ancien plus haut responsable des États-Unis ? L'immunité dont bénéficient les grands hommes politiques américains et l'aura mythique du clan Kennedy suffisent-elles donc pour fermer les yeux à jamais sur ce crime atroce ? Avec le temps, les langues se sont déliées et les témoignages sont accablants, notamment ceux de l'ambulancier James Hall, passé plusieurs fois au crible du détecteur de mensonges et témoin direct du meurtre de Marilyn. Déjà le pavé de Don Wolfe (Marilyn Monroe : Enquête sur un assassinat) avait, dans les années 90, largement étayé la thèse de l'implication de Robert Kennedy dans la disparition tragique de la plus grande icône du cinéma. Aujourd'hui, L 'Assassinat de Marilyn Monroe est accablant pour le psy Ralph Greenson (mort en 1979) et Robert Kennedy (assassiné en 1968).

Le petit carnet rouge de Marilyn, son journal intime disparu en même temps qu'elle, refera peut-être surface un jour, à l'image des rushes de Something's Got to Give  le film qu'elle tournait au moment de son décès -, réapparus mystérieusement et révélés au public dans les années 90. Ces images montrent une Marilyn resplendissante de beauté et de fraîcheur, contrairement à la rumeur hollywoodienne qui prétendait depuis trente ans que la star y apparaissait méconnaissable, usée, absente à elle-même... Une bonne façon d'accréditer un peu plus la thèse du supposé suicide survenu quelques jours plus tard. Or, les images de ce tournage exhumées des archives de la Fox dans les années 90 démontrent tout le contraire : Marilyn était radieuse, au sommet de sa forme et de sa splendeur ! Autant d'éléments troublants qui n'ont pas fini d'alimenter le mythe. Quant aux mystères et nombreuses fabulations autour de sa mort pour préserver la présidence des États-Unis de l'époque, c'est désormais une « Affaire classée », comme le souligne la couverture du livre.

Voici pour le plaisir les images de l'inachevé Something's Got to Give, dernier film de Marilyn, qui nous laisse les plus grands regrets sur sa disparition :



Je vais encore me faire des amis ! de Jean-Pierre Mocky – Le Cherche midi – 280 pages – 17 €

Je vais encore me faire des amis deJean-Pierre Mocky

J'ai connu Jean-Pierre Mocky grâce à un ami, qui m'avait conseillé il y a quelques années un film du réalisateur diffusé sur la TNT : Le Furet, avec Jacques Villeret. Très perplexe pendant le visionnage, j'étais au final très partagée entre l'audace, l'originalité et la crudité parfois du propos, mais aussi séduite par une forme de poésie sociale, de tendresse déjantée, de grotesque destroy. Les personnages de Mocky sont des caricatures, mais finalement, ne sommes-nous pas entourés de caricatures sur pattes ;-)

La comédie humaine de Mocky serait un peu le revers sombre de la « comédie inhumaine » de Lelouch, si j'en juge par les autres films du réalisateur que j'ai vus. Le personnage a une particularité : il n'hésite pas à s'attaquer à des sujets sensibles, politiquement incorrects : les réseaux pédophiles, les magouilles politiciennes, le pouvoir nocif de la télévision, etc... Je dois dire que j'ai adoré son film Un drôle de paroissien, avec Bourvil, un sommet d'intelligence, de drôlerie et de justesse (Bourvil, quel acteur !!).

Comme Jean d'Ormesson, autre bon client des médias dont je vous ai déjà parlé ici, Mocky est aujourd'hui davantage connu et apprécié pour ses passages télé croustillants que pour son œuvre. Bien sûr, cela n'enlève rien à la qualité de leur art, mais ce supplément de charme vient de leur franc-parler, de leur esprit vif et de leur culture encyclopédique.

Certains des derniers films de l'octogénaire, néanmoins, me paraissent ratés. Il devrait comprendre que si ces longs-métrages ne sont pas diffusés sous prétexte qu'ils dérangent, c'est aussi parce qu'ils sont irregardables. Pas le meilleur moyen pour attirer les foules ou sensibiliser l'opinion publique sur ses combats de cinéaste engagé. Ses dernières réalisations n'ont rien à voir avec les films noirs dont il était capable avant, comme Agent trouble ou Noir comme le souvenirEt après il s'étonne que certains grands acteurs ne veulent plus tourner avec lui... Pour ma part, le dernier bon film de Mocky en date - parmi ceux que j'ai vus - est Tout est calme (1999), dont le scénario lui a été inspiré par les morts mystérieuses de célébrités comme ColucheJean-Edern HallierPierre Bérégovoy, etc. Mais l'objet date déjà d'une quinzaine d'années... Et c'est ce que je reprocherais à Mocky à la lecture de ce livre : malgré sa capacité évidente à bâcler ses dernières productions, il est incapable de la moindre auto-critique en 280 pages ! 
Il en fait aussi parfois trop, frisant la mythomanie quand, par exemple, il revendique 700 conquêtes féminines, rien que ça. Julio Iglesias peut se rhabiller ;-). Pas étonnant que notre tombeur insoupçonné se soit attribué le rôle d'un personnage dont les caractéristiques sont le désintéressement et la noblesse d'esprit dans l'un de ses récents films (Les Ballets écarlates). 
Autre exemple de sa propension à l’exagération, à la surenchère gratuite : il prétend page 151 que le compositeur François de Roubaix (le générique glaçant du Commissaire Moulin des années 70, c'est lui), « se fit dévorer par un requin ». Cette précision sur le décès du musicien disparu en 1975 peut paraître indécente, puisque rien ne permet d'affirmer une telle issue dramatique sur les circonstances de sa mort. Il a en effet été retrouvé noyé suite à un accident de plongée (il s'est retrouvé coincé avec un autre plongeur dans une grotte à 20 mètres de profondeur) mais l'allusion au requin n'est qu'un effet fantaisiste et déplacé : les deux victimes n'ont pas réussi à regagner l'issue de la grotte à cause d'un nuage de sable aveuglant provoqué par le déplacement d'une raie manta ou d'un mérou, c'est la thèse la plus probable, la plus couramment admise, le reste n'est que supputation. Leurs corps ont été repêchés le lendemain, après d'actives recherches déclenchées dès leur disparition, et les premières constatations faisaient état de bouteilles d'oxygène vides et de masques arrachés. Et non pas de corps « dévorés » comme le prétend Mocky, je ne sais pas où il est allé pêcher tout ça. Surtout qu'il en rajoute une louche juste après : « Ce qui restait de son corps fut incinéré puis rapatrié ». Les enfants de François de Roubaix apprécieront le tact légendaire du cinéaste.

Mais hormis ces égarements, sans mauvais jeu de mots, le livre se dévore de la première à la dernière page.

Il y a quelques années, Mocky avait sorti un ouvrage, Cette fois je flingue, plutôt décevant car assez tiède malgré les promesses du titre. Aujourd'hui, avec Je vais encore me faire des amis, je peux vous assurer qu'il flingue vraiment, tout en racontant son parcours et les rencontres marquantes de sa carrière. Les règlements de comptes sont bien gratinés, et beaucoup de personnalités en prennent pour leur grade. Les « victimes » sont citées nommément, ce qui est un pur régal en ces temps où tout le monde prend trop de pincettes en permanence pour ne se fâcher avec personne. En outre, à cet âge avancé (82 ans), il ne risque plus rien à se lâcher - on l'a encore vu récemment avec les interviews détonantes de Michel Galabru - et, n'ayant plus rien à perdre, autant tout déballer (comme le suggère la couverture du livre ?). Parmi les victimes, citons Kad MeradDany Boon, Gilles JacobMarion CotillardMathieu AmalricTom Cruise, etc.

Morceau choisi : « Je me suis retrouvé à la table de Tom Cruise, avec qui j'ai passé deux heures interminables. Elles m'auront au moins appris qu'il est d'une connerie fascinante. Non seulement il n'a parlé que de sa petite personne, en des termes évidemment plus qu'élogieux, mais, à l'issue d'une logorrhée me chantant les louanges de la scientologie, ce VRP de luxe a carrément tenté de m'y convertir : il ne manquait plus que le bulletin d'adhésion et ma signature en bas à droite ! Au moment de prendre enfin congé, je me suis demandé comment des cervelles aussi plates pouvaient faire des carrières pareilles. Et je me le demande encore. »

Les amateurs de Mocky seront donc ravis, les autres découvriront un personnage haut en couleur, de cette espèce de francs-tireurs en voie de disparition, époque anémique oblige.
Ce livre riche en anecdotes est parfait pour la plage, avant une soirée DVD ou une bonne toile entre amis... par exemple, Mission Impossible 5 avec Tom Cruise, pour se changer les idées ? ;-)

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Et j'en profite pour vous conseiller également mon La Main à la pâte - Pâtisserie Mode d'emploi puisqu'il est toujours disponible en librairie cet été. D'ailleurs, le livre s'est classé troisième meilleure vente de mon éditeur (Alternatives/Gallimard) pour le premier semestre de l'année, et j'en suis très heureuse :



Merci encore à vous pour ce succès.

Merci également à Novice en cuisine pour l'article publié sur son site le 2 août, au sujet de La Main à la pâte :


Très bel été à tous, à très bientôt ;-)

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