dimanche 22 novembre 2015

Livre LONTANO de Jean-Christophe Grangé


Le maître de l'horreur absolue est de retour, pour la plus grande joie des amateurs de frissons et de sensations fortes !

Je suis venue à Jean-Christophe Grangé par hasard, il y a quelques années, en découvrant un extrait de son livre Le Serment des limbes dans un magazine littéraire. J'ai été scotchée, curieuse d'en lire plus ! Depuis, je suis une addict de cet écrivain. Ses livres sont toujours de gros best-seller, succès amplement mérité tant ils se lisent d'une traite, c'est magique !

Certains attendent leur Amélie Nothomb annuel, moi j'attends mon Grangé bisannuel, patiemment, sachant que ce sera encore un pavé bien saignant ;-)

Cette cuvée 2015 draine son lot habituel d'horreurs cauchemardesques (avec les scènes d'autopsies rituelles) et, page après page, le lecteur s'enfonce dans le glauque ancré dans le quotidien. Attention : l'objet de Grangé n'est pas le gore mais le Mal primitif dont l'homme se rend l'instrument, révélant ce que l'humanité a de plus obscur en elle. Là où certains persistent à voir dans ses livres un genre de roman de gare sans profondeur (le Thriller), je vois au contraire – comme ses millions d'admirateurs heureusement - la puissance d'évocation d'un écrivain majeur, une fois encore au sommet de son art ici. Grangé est mille plus plus dans la vie, s'inscrit de façon beaucoup plus pertinente et vraie dans les tourments de l'âme humaine - avec autrement plus de style - que les représentants de l'autofiction en vogue dans les cercles littéraires. Mieux encore, il y a de la poésie et de l'humour dans sa prose, ce qui rend ses romans si attachants, si irrésistibles malgré l'horreur qu'ils portent en eux. Cet auteur a vécu (il a été grand reporter pendant 10 ans), ses histoires résonnent avec notre quotidien, notre perception du monde, la réalité qui nous entoure.

Avec Lontano, il renoue avec son style décapant qui vous tient en haleine ! C'est un « page-turner » ! Essayez, vous verrez : lisez les premières pages (à partir de la 19, après le préambule), vous ne pourrez plus le lâcher !

Je ne résiste pas à l'envie de vous mettre la première phrase du roman, je pense qu'on peut dire que c'est la première phrase de roman de l'année ;-)

- Hollande est un connard, une fiotte, une couille molle ! clamait Morvan. Bon dieu, mais quand est-ce qu'un président aura des burnes dans ce pays ?


Ne pas se méprendre, ce n'est pas un livre politique ;-)

L'histoire démarre par un simple fait divers sur une base militaire située en Bretagne : un bizutage a mal tourné, avec à la clef la mort d'un jeune aspirant pilote, que les autorités locales veulent faire passer pour un banal accident pour en étouffer les véritables causes. Petit détail : on découvre au passage qu'en terme de communication auprès des médias, consigne est donnée d'utiliser l'expression « Journée d'intégration » à la place de bizutage, terme désormais trop connoté, trop péjoratif, susceptible d'attirer des suspicions dérangeantes.

Un policier de la brigade criminelle est néanmoins dépêché sur place par son père, un vieux briscard considéré comme le premier flic de France. Sur le site, le fils va de découvertes en découvertes, toutes plus irréelles les une que les autres, qui le mèneront sur les traces du passé de son propre clan. A travers cette intrigue de départ se découpe en effet le profil de cette famille particulière, les Morvan : deux flics de choc mais aussi Gaëlle, la sœur actrice prête à tout pour réussir dans son métier, Loïc, le fils cadet, trader junkie en instance de divorce, sans oublier la mère, femme au foyer battue et bicéphale (ou schizophrène ou maso).

Derrière la façade de réussite des membres de cette fratrie se cachent bien des failles et mystères qui trouvent leurs sources dans les activités passées du père, homme peu scrupuleux dont les magouilles bruissent sous les ors de la République et sur lequel plane l'ombre d'un tueur en série de retour aux affaires malgré son décès annoncé trois ans auparavant : l'Homme-Clou !

Comme toujours avec Grangé, le lecteur voyage beaucoup (Bretagne, Florence, Marseille, Kinshasa, etc.), et navigue entre les eaux noires de rites à caractère vaudou et leurs lots de rebondissements. Lontano est – relativement – moins sanglant que ses précédents ouvrages. Moins de meurtres, moins de scènes gore pour cette saga familiale chorale tenue de main de maître mais, toujours sous tension palpitante, le récit m'évoque cette fois-ci un mélange entre thriller et James Bond. Coup double donc pour les amateurs des deux genres. Si vous êtes un(e) inconditionnel(e) de Grangé, vous allez aimer replonger dans les frissons d'horreur auxquels l'auteur nous habitue depuis plus de 20 ans (le livre aurait pu s'appeler « No Limit »), si vous êtes fan du héros de Ian Fleming, vous allez adorer cette odyssée mouvementée au noyau très James Bondien.

Le nœud de l'intrigue tient dans une phrase de la page 508 :

La pire vengeance serait que ses enfants apprennent la vérité à son sujet.

Ha oui, je ne vous l'ai pas précisé, le livre fait 780 pages, mais elles se dévorent en quelques jours !

Et je peux vous le dire, avec cette nouvelle livraison de Grangé, le lecteur n'est pas scotché, il est cloué ;)

Figurez-vous que ce Lontano m'a même donné l'envie de réaliser une recette Sicilienne ancestrale, celle des pâtes aux sardines, que je vous invite à découvrir ici !

Voici d'ailleurs le passage du livre en question :

« Un parfum de vieilles boiseries et de farine de blé planait.
Il avança dans le demi-jour – les rayons du soleil étaient atténués par les rideaux. Tout semblait fané ici et il en résultait une impression de sagesse ancestrale. Morvan remarqua les petits pains dans les corbeilles qui, mystérieusement, avaient le goût de cette atmosphère surannée, comme les hosties ont le goût des églises. Montefiori était assis au fond de la salle […] Les pâtes arrivèrent : des bucatini, spaghettis larges et creux. Morvan en connaissait la recette par cœur. Fenouil, oignons, anchois, raisins secs et pignons. Et bien sûr les sardines fraîches, qui cuisent à mesure que le vin blanc s'évapore...
Comme Montefiori, il glissa sa serviette dans son col – plus paysan que nature. Pendant un moment, ils ne parlèrent plus, savourant ce qui s'apparentait à un chef-d’œuvre. Le fenouil, se dit Morvan, le secret est dans le fenouil. Il fallait d'abord le cuire à part dans de l'eau salée puis garder cette eau pour les bucatini. Tout se jouait à cet instant : la première cuisson venait en renfort de la seconde. A Paris, Morvan ne parvenait jamais à obtenir ce parfum »

Découvrez ma version fidèle de cette recette incroyable citée dans Lontano :


Après avoir réalisé cette recette, je peux vous confirmer qu'elle tient en effet du chef-d’œuvre ;)

Petite précision : l'auteur précise que pour accompagner ce plat divin, les deux protagonistes commandent non pas du vin mais une eau italienne frizzante.

Voici pour finir une vidéo passionnante dans laquelle Jean-Christophe Grangé nous présente son parcours d'écrivain à succès, qui permet de mieux connaître le personnage, discret et paradoxalement peu médiatique :

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