mercredi 20 juillet 2016

Lectures de l'été (spécial Faits divers) : Cécile Vallin, Karl Zéro et Coluche ! (partie 1)

Je vous propose à partir d'aujourd'hui une sélection de trois livres, regroupés dans une thématique Faits divers : "Cécile, ma fille, ma disparue", évocation de la disparition en 1997 d'une lycéenne de 17 ans - jamais retrouvée - à travers le témoignage de son père, un document poignant à découvrir et à partager pour ne pas laisser cette étrange affaire tomber dans l'oubli. 

La prochaine fois, je vous parlerai du nouveau volume d'enquêtes de Karl Zéro : "Étouffées - Quand la justice enterre les affaires". Édifiant !

Enfin, je terminerai cette sélection par le plus beau livre consacré à Coluche à l'occasion du trentième anniversaire de sa disparition : "Coluche - Putain de mec !", avec des photos extrêmement rares du meilleur comique français (avec Desproges) à mes yeux.

Mais commençons donc par le livre du père de Cécile Vallin :

Cécile, ma fille, ma disparue de Jonathan Oliver – Editions de L'Archipel – 189 pages – 17 euros

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L'année prochaine, cela fera 20 ans que Cécile Vallin s'est volatilisée, comme on peut le dire du vol MH370 : après une dernière communication (téléphonique), le mystère reste entier sur le déroulé des événements avant que la disparition ne soit établie.

Pour résumer les faits : Cécile, 17 ans, a disparu un dimanche soir (le 8 juin 1997) à Saint-Jean-de-Maurienne en Savoie, une semaine avant de passer le bac de philo. La veille, elle avait invité quatre copains à venir passer la soirée chez elle, enfreignant ainsi les recommandations de son beau-père et de sa mère, absents de la maison pendant le week-end (son père biologique, Jonathan Oliver, vit alors près de Caen). Pendant cette soirée « interdite », elle flirte avec l'un des garçons, trompant ainsi son petit copain « officiel ». Le lendemain après-midi, elle revoit pendant quelques heures son amant d'un soir. Il semblerait qu'elle ait eu besoin de se confier ce jour-là : elle a tenté de joindre au téléphone sa demi-sœur, dans la matinée, sans succès. L'après-midi, après le départ de son amoureux, elle a appelé une amie. Celle-ci prétendra que Cécile avait l'air « énervée », qu'elle semblait prise de remords. A 17h18, c'est son père, Jonathan Oliver, qu'elle appelle. Là encore, elle paraît « bouleversée » (c'est le terme qu'il utilisera devant les policiers). La conversation dure 6 minutes, au bout desquelles Cécile rassure son père en lui disant qu'elle va réviser sa philo. 
C'est à partir de ce moment que commencent les supputations : l'adolescente serait alors sortie, à en croire certains témoignages de personnes qui l'auraient aperçue marchant au bord de la route, un kilomètre en aval de Saint-Jean-de-Maurienne.

A la lecture du livre, rien pourtant ne permet de dire, finalement, que Cécile est sortie de chez elle après ce dernier contact téléphonique avec son père. Rien ne permet de l'affirmer puisque Jonathan Oliver utilise le conditionnel au sujet de chaque témoin (« Sabrina t'aurait aperçue », « des jeunes gens t'auraient vue vers la gare », « Tu courais […] Mais au fait, était-ce bien toi ? », « une autre de tes amies t'aurait aperçue marchant d'un bon pas », « Qui faut-il croire ? »)... 

lundi 18 avril 2016

Nouveautés lectures : "Le vol MH370 n'a pas disparu" et "Desproges bande encore"

Le Vol MH370 n'a pas disparu, de Florence de Changy – Les Arènes – 268 pages - 20 €



L'affaire MH370...

A l'heure où il ne se passe pas une semaine sans nouvelle spéculation autour de la disparition du Boeing 777 de la Malaysia Airlines - entretenue par la découverte d'un débris mystérieux, la révélation d'un rapport, la diffusion d'un témoignage, d'une expertise, etc. -, un livre enquête vient jeter un coup de projecteur sur les dysfonctionnements et autres invraisemblances survenus depuis la disparition de l'avion dans le ciel malaisien le 8 mars 2014. Cet ouvrage choc provoque une vraie tempête dans l'océan de mensonges et de manœuvres politiciennes, pour ne pas dire le mur du silence, qui se dressent devant les tentatives d'explication de ce drame inédit, historique, surréaliste. La journaliste d’investigation Florence de Changy – reporter pour le journal Le Monde et RFI - est partie en terre inconnue : ce bout du monde dont elle révèle les pratiques commerciales opaques, l'autoritarisme politique totalitaire, les obscurs intérêts géo-stratégiques, les trafics en tout genre, les voies impénétrables de la communication étatique, etc. Un inventaire qui donne le vertige.
A titre indicatif, la Malaisie se classe d'ailleurs à la 147ème place dans l'édition 2015 du Classement mondial de la liberté de la presse établi annuellement par Reporters sans frontières (à titre de comparaison, la France occupe la 38ème position...).  

Florence de Changy ne manque pas de préciser tout de suite que cette région lui est malgré tout familière pour y avoir exercé son métier pendant de très longues années. Elle est donc partie sur les traces éparses de cette affaire, à la rencontre d'officiels malaisiens, de scientifiques dévoués à la résolution de l'énigme, de professionnels de l'aéronautique, d'enquêteurs, d'experts, de familles de victimes – notamment le français Ghyslain Wattrelos -, etc. pour tenter de démêler les nombreuses incohérences (recherches maritimes orientées contre tout bon sens au départ, dans une volonté politique évidente de faire diversion dans les premiers jours...), d'éclaircir les zones d'ombre (les États-Unis seraient-ils impliqués dans cette disparition ?) et de tenter de comprendre l'impensable. L'enquête est fouillée, précise, technique quand il le faut, la deuxième partie de l'ouvrage se concentre sur les divers scénarios élaborés de-ci de-là publiquement depuis deux ans pour mieux les mettre à mal, argumentation à l'appui, tant le mystère s'épaissit à chaque tentative de l'expliquer. « On nous cache tout, on nous dit rien », disait la chanson de Dutronc, ces paroles auraient pu constituer le sous-titre du livre. On nous cache tout depuis le premier jour semble-t-il. En effet : il n'existe aucune certitude sur les événements, hormis le fait qu'à 1h19 la nuit du drame, le copilote a adressé la message rituel  « Goodnight ! Malaysian 370 »  avant le passage dans le ciel vietnamien. A 1h20, le transpondeur, principal moyen de communication entre l'avion et le contrôle aérien, est éteint. Ou, tout du moins, il s'éteint. Tout le reste n'est que spéculation, officielle ou officieuse. Et constats. Par exemple, les relations diplomatiques entre les États-Unis et la Malaisie se sont considérablement réchauffées depuis... 
Aussi, le mystère plane sur la véritable identité de certains passagers...
Quant au pilote de l'avion, il a explicitement exprimé le souhait de prendre les commandes de ce vol...

jeudi 25 février 2016

Livre "Vise le soleil" de Maître Gims


Vise le soleil, de Maître Gims - Editions Fayard – 235 pages – 18 euros

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Figurez-vous que j'ai découvert Maître Gims grâce à ma fille, qui m'avait envoyé par mail le lien YouTube de son clip « Est-ce que tu m'aimes » pour me demander mon avis. Je dois dire que j'ai été très agréablement surprise. Je m'apprêtais à avoir mal aux oreilles avec ce chanteur issu du rap français, genre qui pour moi nous sert toujours les mêmes clichés clamés par les mêmes voix (nulles et agressives le plus souvent) et au lieu de ça, j'ai entendu un titre accrocheur, très bien produit, avec des paroles malignes, portées par une musique organique, entraînante et soignée. Et surtout, interprété par une vraie voix, dotée d'un grain chaleureux !
Du coup, je me suis intéressée au personnage en cherchant à en voir et en entendre un peu plus sur YouTube. Ma bonne impression initiale s'est trouvée confortée, puisque j'ai surfé de bonnes surprises en bonnes surprises (clips de « J'me tire », « Bella », Brisé », etc.) ! J'ai remercié ma fille pour cette découverte, Maître Gims est de toute évidence un artiste talentueux, aux chansons mélodieuses et prenantes !


Inutile de vous dire que quand l'autobiographie du chanteur a été annoncée – précoce certes, pour une célébrité de 29 ans -, j'ai relayé la bonne nouvelle à ma fille et nous nous sommes précipitées pour la lire. D'ailleurs, j'en profite pour ouvrir une petite parenthèse : rien de tel que ce genre d'ouvrage pour transmettre le goût, la passion de la lecture à vos enfants. Le côté rébarbatif associé par les jeunes à la lecture disparaît d'un trait au contact des premières pages, lorsque l'objet est lié à une passion. Ma fille a dévoré l'ensemble même si, bien évidemment, beaucoup de nuances lui ont échappées. Je le conseille donc plutôt à partir de 12 ans.

Je dois préciser que j'ai pris soin de découvrir le contenu en éclaireur, pour anticiper toute mauvaise surprise éventuelle (on ne sait jamais). Résultat : il est vraiment accessible et adapté aux pré-ados, Maître Gims sait qu'ils font partie de son public et a su trouver les mots pour toucher ses fans, toutes générations confondues. Il n'y a absolument rien de dérangeant, de choquant ou de violent dans ces 235 pages, bien au contraire : que du positif, de l'espoir, de l'humanisme, des leçons de vie bienvenues, ainsi que son regard sur sa condition de star. Tout y passe avec une vraie sensibilité et une franchise rare car il n'élude aucun sujet qui fâche (l'argent, les polémiques, les conflits professionnels, les diverses galères, etc.).

Le récit de son parcours est présenté avec des mots justes, réfléchis, de son enfance chaotique - où le garçon s'est trouvé ballotté de foyers en familles d'accueil - à la naissance de sa passion pour la musique (grâce à un atelier rap dispensé par son centre social), jusqu'à la gloire d'aujourd'hui et notamment l'étape décisive du succès de son groupe Sexion d'Assaut, sur lequel il s'étend longuement.

dimanche 22 novembre 2015

Livre LONTANO de Jean-Christophe Grangé


Le maître de l'horreur absolue est de retour, pour la plus grande joie des amateurs de frissons et de sensations fortes !

Je suis venue à Jean-Christophe Grangé par hasard, il y a quelques années, en découvrant un extrait de son livre Le Serment des limbes dans un magazine littéraire. J'ai été scotchée, curieuse d'en lire plus ! Depuis, je suis une addict de cet écrivain. Ses livres sont toujours de gros best-seller, succès amplement mérité tant ils se lisent d'une traite, c'est magique !

Certains attendent leur Amélie Nothomb annuel, moi j'attends mon Grangé bisannuel, patiemment, sachant que ce sera encore un pavé bien saignant ;-)

Cette cuvée 2015 draine son lot habituel d'horreurs cauchemardesques (avec les scènes d'autopsies rituelles) et, page après page, le lecteur s'enfonce dans le glauque ancré dans le quotidien. Attention : l'objet de Grangé n'est pas le gore mais le Mal primitif dont l'homme se rend l'instrument, révélant ce que l'humanité a de plus obscur en elle. Là où certains persistent à voir dans ses livres un genre de roman de gare sans profondeur (le Thriller), je vois au contraire – comme ses millions d'admirateurs heureusement - la puissance d'évocation d'un écrivain majeur, une fois encore au sommet de son art ici. Grangé est mille plus plus dans la vie, s'inscrit de façon beaucoup plus pertinente et vraie dans les tourments de l'âme humaine - avec autrement plus de style - que les représentants de l'autofiction en vogue dans les cercles littéraires. Mieux encore, il y a de la poésie et de l'humour dans sa prose, ce qui rend ses romans si attachants, si irrésistibles malgré l'horreur qu'ils portent en eux. Cet auteur a vécu (il a été grand reporter pendant 10 ans), ses histoires résonnent avec notre quotidien, notre perception du monde, la réalité qui nous entoure.

Avec Lontano, il renoue avec son style décapant qui vous tient en haleine ! C'est un « page-turner » ! Essayez, vous verrez : lisez les premières pages (à partir de la 19, après le préambule), vous ne pourrez plus le lâcher !

Je ne résiste pas à l'envie de vous mettre la première phrase du roman, je pense qu'on peut dire que c'est la première phrase de roman de l'année ;-)

- Hollande est un connard, une fiotte, une couille molle ! clamait Morvan. Bon dieu, mais quand est-ce qu'un président aura des burnes dans ce pays ?

lundi 9 novembre 2015

Livre Les Rita Mitsouko et Catherine Ringer

160 pages - 29 €

Je suis assez admirative de l’œuvre des Rita Mitsouko, je ne pouvais donc pas ne pas me pencher sur ce livre hommage à notre duo punk-rock national préféré ! J'avais particulièrement apprécié leur dernier album studio, Variéty, à sa sortie, ainsi que les interviews du groupe à l'époque : j'aime les propos sans langue de bois, ça manque cruellement par les temps qui courent dans la chanson française. On se souvient qu'un Balavoine pouvait critiquer sans peine un ministre en exercice (Fabius, déjà...) devant les caméras de télé, sans que cela ne soit préjudiciable pour sa carrière, bien au contraire, mais cela ne paraît plus possible aujourd'hui, pourquoi ? 

Déjà, nous avons affaire à un bel objet de 160 pages, avec une couverture rigide. Le contenu : 3 photographes – Renaud CorlouërYouri Lenquette et Pierre Terrasson -, présentent une sélection de leurs meilleures séances avec Les Rita. La préface est signée Jean-Paul Gaultier et je dois dire que ça commence mal, puisque le texte du couturier est hautement insignifiant. Pire, il a trouvé le moyen de parler davantage de sa personne que du duo... Un (top) modèle de narcissisme, mais passons.

mercredi 5 août 2015

Conseils lectures de l'été : Marilyn et Mocky !

Par cette chaleur, je vous conseille deux nouveautés lectures parfaitement adaptées au farniente estival, à savourer au soleil, à la plage ou en terrasse. Il ne vous reste plus qu'à préparer le kit de survie nécessaire – petits-fours ou canapés bien garnis, petit verre - pour accompagner ces pages brûlantes.
Bonnes lectures ! 


L'Assassinat de Marilyn Monroe de Jay Margolis et Richard Buskin - L'Archipel - 304 pages - 21 €

L'Assassinat de Marilyn Monroe, Conseils lectures de l'été

Lorsque j'ai entendu parlé de ce fameux livre choc sorti aux États-Unis l'an dernier, évoquant de nouvelles révélations explosives au sujet de la mort de Marilyn, je me suis dit que j'attendrais qu'il paraisse chez nous, traduit. Et aujourd'hui, c'est chose faite. En tant qu'admiratrice de Marilyn Monroe, de la femme et de l'actrice, je dois admettre que la lecture de l'objet est très éprouvante, tant le cauchemar vécu par l'actrice la nuit de sa mort – du 4 au 5 août 1962 - prend forme sous nos yeux, dans ses moindres détails. Je ne suis pas du genre voyeuriste, c'est la raison pour laquelle cette lecture m'a doublement perturbée, puisque rien de l'horreur de la machination diabolique dont elle a été victime ne nous est épargné.
Par contre, je précise tout de suite que les auteurs et l'éditeur ont eu la décence de ne pas jouer la carte du racolage morbide au niveau des photos insérées dans le livre, puisqu'une seule image du visage de Marilyn morte est montrée, mais en petit format, et c'est une photo qui est déjà connue (de profil, on voit que la tête est tuméfiée) sur laquelle l'actrice paraît dormir. Le lecteur n'est donc pas pris en otage, ce que j'apprécie, car certains éditeurs ne reculent devant rien pour vendre leurs livres et attiser le voyeurisme le plus malsain. J'en veux pour exemple le livre de Stéphane Bourgoin consacré au  Dahlia Noir, où les photos de la jeune femme suppliciée sont reproduites en long en large et en travers, sur des pleines pages entières, jusqu'à la nausée. Cela vaut pour profanation de sa tombe à mes yeux. Je trouve ce genre de procédé répugnant. Totalement rédhibitoire pour ma part, je ne sais pas comment ces gens peuvent dormir la nuit. En ce qui concerne Marilyn, toutes les photos prises dans les heures qui ont suivi son décès par un photojournaliste du magazine Life – du bungalow de la star au transfert de son corps vers la morgue - ont disparu ou ont été détruites. Soit 133 clichés volatilisés car trop compromettants pour la thèse officielle du suicide : d'étranges bleus parsemaient le corps de l'actrice et une marque de piqûre au niveau de la poitrine risquait de révéler au grand jour l'homicide.

Ce n'est pas pour rien si cet événement cauchemardesque et les épisodes de la fin de vie de Marilyn Monroe ont inspiré David Lynch pour sa série Twin Peaks.

Marilyn n'était pas dépressive, elle avait beaucoup de projets professionnels (la Fox venait, après l'avoir congédiée, de la réengager le 1er août sur le plateau de Something's Got to Give – qui restera inachevé - pour un million de dollars et un contrat de deux films supplémentaires), elle projetait de se remarier avec Joe DiMaggio, elle était en train de meubler la maison qu'elle venait d'acquérir, et elle attendait ses hôtes (Robert Kennedy et l'acteur Peter Lawford) avec un magnum de champagne le jour de sa mort... Cette visite a mal tourné : Marilyn, excédée par l'attitude de Robert Kennedy - venu lui annoncer qu'il ne quitterait pas sa femme pour elle, contrairement à ce qu'il lui avait promis -, l'a menacé de révéler leur liaison, ainsi que son idylle avec son frère John Kennedy (alors président des États-Unis) et autres secrets d'états lors d'une conférence de presse dès le lundi suivant. Le mythique sex-symbol est décédé dans la nuit même (du samedi au dimanche), exécutée par les hommes de main de Robert Kennedy. Et c'est le propre psy de Marilyn, le docteur Greenson en personne - l'homme de confiance de Marilyn - qui, sur ordre, a achevé la star d'une manière sordide, que je vous laisse découvrir. Ce livre est une plongée dans l'enfer vécu par Marilyn cette nuit tragique du 4 au 5 août 1962. Nous célébrons d'ailleurs aujourd'hui, jour pour jour, le 53ème anniversaire de ce triste événement.

J'émettrais néanmoins une petite réserve sur la forme car l'on se perd parfois en conjectures et qu'il faut s'accrocher dans certains passages pour situer l'identité du locuteur ou comprendre le déroulé de l'action. On est par endroits à peu près aussi déboussolé qu'à la vue du fameux JFK d'Oliver Stone : le récit est palpitant mais touffu, un peu tarabiscoté. La raison en revient notamment au nombre incroyable de personnes impliquées de près ou de loin dans les événements de cette nuit terrible : une cinquantaine d'individus sont recensés dans la Chronologie des faits du 4 et du 5 août, placée en fin d'ouvrage.
Il ressort de cette lecture une interrogation : plus personne aujourd'hui ne croit en la thèse du suicide, version officielle que les médias continuent pourtant de diffuser, ce qui est assez inquiétant. Robert et John Kennedy sont morts depuis longtemps, pourquoi continuer à faire de ce meurtre un secret d'état, même s'il éclabousse le frère d'un ancien plus haut responsable des États-Unis ? L'immunité dont bénéficient les grands hommes politiques américains et l'aura mythique du clan Kennedy suffisent-elles donc pour fermer les yeux à jamais sur ce crime atroce ? Avec le temps, les langues se sont déliées et les témoignages sont accablants, notamment ceux de l'ambulancier James Hall, passé plusieurs fois au crible du détecteur de mensonges et témoin direct du meurtre de Marilyn. Déjà le pavé de Don Wolfe (Marilyn Monroe : Enquête sur un assassinat) avait, dans les années 90, largement étayé la thèse de l'implication de Robert Kennedy dans la disparition tragique de la plus grande icône du cinéma. Aujourd'hui, L 'Assassinat de Marilyn Monroe est accablant pour le psy Ralph Greenson (mort en 1979) et Robert Kennedy (assassiné en 1968).

Le petit carnet rouge de Marilyn, son journal intime disparu en même temps qu'elle, refera peut-être surface un jour, à l'image des rushes de Something's Got to Give  le film qu'elle tournait au moment de son décès -, réapparus mystérieusement et révélés au public dans les années 90. Ces images montrent une Marilyn resplendissante de beauté et de fraîcheur, contrairement à la rumeur hollywoodienne qui prétendait depuis trente ans que la star y apparaissait méconnaissable, usée, absente à elle-même... Une bonne façon d'accréditer un peu plus la thèse du supposé suicide survenu quelques jours plus tard. Or, les images de ce tournage exhumées des archives de la Fox dans les années 90 démontrent tout le contraire : Marilyn était radieuse, au sommet de sa forme et de sa splendeur ! Autant d'éléments troublants qui n'ont pas fini d'alimenter le mythe. Quant aux mystères et nombreuses fabulations autour de sa mort pour préserver la présidence des États-Unis de l'époque, c'est désormais une « Affaire classée », comme le souligne la couverture du livre.

Voici pour le plaisir les images de l'inachevé Something's Got to Give, dernier film de Marilyn, qui nous laisse les plus grands regrets sur sa disparition :



Je vais encore me faire des amis ! de Jean-Pierre Mocky – Le Cherche midi – 280 pages – 17 €

Je vais encore me faire des amis deJean-Pierre Mocky

J'ai connu Jean-Pierre Mocky grâce à un ami, qui m'avait conseillé il y a quelques années un film du réalisateur diffusé sur la TNT : Le Furet, avec Jacques Villeret. Très perplexe pendant le visionnage, j'étais au final très partagée entre l'audace, l'originalité et la crudité parfois du propos, mais aussi séduite par une forme de poésie sociale, de tendresse déjantée, de grotesque destroy. Les personnages de Mocky sont des caricatures, mais finalement, ne sommes-nous pas entourés de caricatures sur pattes ;-)

La comédie humaine de Mocky serait un peu le revers sombre de la « comédie inhumaine » de Lelouch, si j'en juge par les autres films du réalisateur que j'ai vus. Le personnage a une particularité : il n'hésite pas à s'attaquer à des sujets sensibles, politiquement incorrects : les réseaux pédophiles, les magouilles politiciennes, le pouvoir nocif de la télévision, etc... Je dois dire que j'ai adoré son film Un drôle de paroissien, avec Bourvil, un sommet d'intelligence, de drôlerie et de justesse (Bourvil, quel acteur !!).

Comme Jean d'Ormesson, autre bon client des médias dont je vous ai déjà parlé ici, Mocky est aujourd'hui davantage connu et apprécié pour ses passages télé croustillants que pour son œuvre. Bien sûr, cela n'enlève rien à la qualité de leur art, mais ce supplément de charme vient de leur franc-parler, de leur esprit vif et de leur culture encyclopédique.

Certains des derniers films de l'octogénaire, néanmoins, me paraissent ratés. Il devrait comprendre que si ces longs-métrages ne sont pas diffusés sous prétexte qu'ils dérangent, c'est aussi parce qu'ils sont irregardables. Pas le meilleur moyen pour attirer les foules ou sensibiliser l'opinion publique sur ses combats de cinéaste engagé. Ses dernières réalisations n'ont rien à voir avec les films noirs dont il était capable avant, comme Agent trouble ou Noir comme le souvenirEt après il s'étonne que certains grands acteurs ne veulent plus tourner avec lui... Pour ma part, le dernier bon film de Mocky en date - parmi ceux que j'ai vus - est Tout est calme (1999), dont le scénario lui a été inspiré par les morts mystérieuses de célébrités comme ColucheJean-Edern HallierPierre Bérégovoy, etc. Mais l'objet date déjà d'une quinzaine d'années... Et c'est ce que je reprocherais à Mocky à la lecture de ce livre : malgré sa capacité évidente à bâcler ses dernières productions, il est incapable de la moindre auto-critique en 280 pages ! 
Il en fait aussi parfois trop, frisant la mythomanie quand, par exemple, il revendique 700 conquêtes féminines, rien que ça. Julio Iglesias peut se rhabiller ;-). Pas étonnant que notre tombeur insoupçonné se soit attribué le rôle d'un personnage dont les caractéristiques sont le désintéressement et la noblesse d'esprit dans l'un de ses récents films (Les Ballets écarlates). 
Autre exemple de sa propension à l’exagération, à la surenchère gratuite : il prétend page 151 que le compositeur François de Roubaix (le générique glaçant du Commissaire Moulin des années 70, c'est lui), « se fit dévorer par un requin ». Cette précision sur le décès du musicien disparu en 1975 peut paraître indécente, puisque rien ne permet d'affirmer une telle issue dramatique sur les circonstances de sa mort. Il a en effet été retrouvé noyé suite à un accident de plongée (il s'est retrouvé coincé avec un autre plongeur dans une grotte à 20 mètres de profondeur) mais l'allusion au requin n'est qu'un effet fantaisiste et déplacé : les deux victimes n'ont pas réussi à regagner l'issue de la grotte à cause d'un nuage de sable aveuglant provoqué par le déplacement d'une raie manta ou d'un mérou, c'est la thèse la plus probable, la plus couramment admise, le reste n'est que supputation. Leurs corps ont été repêchés le lendemain, après d'actives recherches déclenchées dès leur disparition, et les premières constatations faisaient état de bouteilles d'oxygène vides et de masques arrachés. Et non pas de corps « dévorés » comme le prétend Mocky, je ne sais pas où il est allé pêcher tout ça. Surtout qu'il en rajoute une louche juste après : « Ce qui restait de son corps fut incinéré puis rapatrié ». Les enfants de François de Roubaix apprécieront le tact légendaire du cinéaste.

Mais hormis ces égarements, sans mauvais jeu de mots, le livre se dévore de la première à la dernière page.

Il y a quelques années, Mocky avait sorti un ouvrage, Cette fois je flingue, plutôt décevant car assez tiède malgré les promesses du titre. Aujourd'hui, avec Je vais encore me faire des amis, je peux vous assurer qu'il flingue vraiment, tout en racontant son parcours et les rencontres marquantes de sa carrière. Les règlements de comptes sont bien gratinés, et beaucoup de personnalités en prennent pour leur grade. Les « victimes » sont citées nommément, ce qui est un pur régal en ces temps où tout le monde prend trop de pincettes en permanence pour ne se fâcher avec personne. En outre, à cet âge avancé (82 ans), il ne risque plus rien à se lâcher - on l'a encore vu récemment avec les interviews détonantes de Michel Galabru - et, n'ayant plus rien à perdre, autant tout déballer (comme le suggère la couverture du livre ?). Parmi les victimes, citons Kad MeradDany Boon, Gilles JacobMarion CotillardMathieu AmalricTom Cruise, etc.

Morceau choisi : « Je me suis retrouvé à la table de Tom Cruise, avec qui j'ai passé deux heures interminables. Elles m'auront au moins appris qu'il est d'une connerie fascinante. Non seulement il n'a parlé que de sa petite personne, en des termes évidemment plus qu'élogieux, mais, à l'issue d'une logorrhée me chantant les louanges de la scientologie, ce VRP de luxe a carrément tenté de m'y convertir : il ne manquait plus que le bulletin d'adhésion et ma signature en bas à droite ! Au moment de prendre enfin congé, je me suis demandé comment des cervelles aussi plates pouvaient faire des carrières pareilles. Et je me le demande encore. »

Les amateurs de Mocky seront donc ravis, les autres découvriront un personnage haut en couleur, de cette espèce de francs-tireurs en voie de disparition, époque anémique oblige.
Ce livre riche en anecdotes est parfait pour la plage, avant une soirée DVD ou une bonne toile entre amis... par exemple, Mission Impossible 5 avec Tom Cruise, pour se changer les idées ? ;-)

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Et j'en profite pour vous conseiller également mon La Main à la pâte - Pâtisserie Mode d'emploi puisqu'il est toujours disponible en librairie cet été. D'ailleurs, le livre s'est classé troisième meilleure vente de mon éditeur (Alternatives/Gallimard) pour le premier semestre de l'année, et j'en suis très heureuse :



Merci encore à vous pour ce succès.

Merci également à Novice en cuisine pour l'article publié sur son site le 2 août, au sujet de La Main à la pâte :


Très bel été à tous, à très bientôt ;-)

mercredi 20 mai 2015

Montre-moi ton visage - de Véronique Lévy - Editions du Cerf

Montre-moi ton visage - de Véronique Lévy - Editions du Cerf - 340 pages - 20 €


Considérée comme une brebis égarée par son frère Bernard-Henri Lévy pour s’être convertie au catholicisme, Véronique Lévy retrace dans son livre le chemin de croix de sa quête initiatique poético-spirituelle (mais aussi charnelle : "Je suis bouleversée comme une femme amoureuse, prise et possédée tout entière, aux racines même de mon être"). 
Dans une prose – un peu déstabilisante au départ - mêlant versets, psaumes, songes, pensées, prières et romantisme effréné, nous suivons fascinés le récit de la révélation puis de la conversion d’une juive au Christ, auquel elle se voue désormais corps et âme, faisant fi de ses racines et des traditions de filiation associées à ses origines, car après tout, dit-elle (citant la parole de Jésus) : « Vous n’êtes pas nés de la chair et du sang, mais de l’Esprit et du feu ». Justification louable et libératrice pour elle. 
Véronique Lévy fait montre d’une belle plume et son parcours de foi se révèle très attachant au fil des pages.   

Je vous conseille ce livre baigné de lumière, à l’onirisme plaisant et apaisant, qui ne pourra que vous séduire.


Interview de Véronique Lévy évoquant son livre, succès de librairie actuel :